BUDGET CULTURE 2017 ET ARTS VISUELS (2) : LES PREMIERS ACTEURS SYSTÉMATIQUEMENT OCCULTÉS

1/ Le rôle fondamental de l’artiste-auteur reste un impensé des politiques publiques



Dans l’écosystème de l’art, l’artiste-auteur est le seul à avoir affaire à l’ensemble des acteurs.

Les intérêts collectifs moraux et matériels des auteurs des arts visuels sont portés par leurs syndicats professionnels. Or la faiblesse extrême du soutien financier public aux syndicats du champ des arts visuels met véritablement les représentants des artistes-auteurs dans une situation intenable.

Les ressources des syndicats professionnels sont constituées des cotisations de leurs adhérents, eux mêmes le plus souvent dans une situation précaire et désargentée, sachant que la sous rémunération des artistes-auteurs tient systématiquement lieu de variable d’ajustement dans le champ des arts visuels.

S’agissant de travailleurs indépendants, les syndicats professionnels des artistes-auteurs ne bénéficient pas, comme les syndicats de salariés, du financement lié au paritarisme.

La structuration professionnelle qui fait cruellement défaut au champ des arts visuels passe par un soutien équilibré entre les partenaires sociaux : syndicats professionnels d’artistes-auteurs et organisations professionnelles de diffuseurs.

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Jusqu’à présent, 2,7% [1] de la ligne budgétaire intitulée « structuration des professions et de l’économie du secteur des arts visuels » sont consacrés aux syndicats professionnels des auteurs des arts visuels. Qu’en sera-t-il en 2017 ? En l’absence de répartition claire dans le PLF 2017 et compte tenu de l’augmentation de cette ligne prévue en 2017, nous demandons que soit menée une véritable politique de soutien à l’égard des syndicats professionnels des auteurs des arts visuels.
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2/ Dans le PLF 2017, les arts visuels sont toujours le parent pauvre du budget de la culture.

Le programme 131 du PLF 2017 (comme tous les PLF depuis la RGPP) est un pâté d’alouette [2] qui amalgame les données relatives au spectacle vivant et aux arts visuels. Cette présentation a l’avantage de permettre un comparatif (le spectacle vivant bénéficie de crédits dix fois supérieurs à ceux alloués aux arts visuels) et le désavantage de noyer les arts visuels dans une présentation qui concerne essentiellement le spectacle vivant, permettant d’occulter la faiblesse et les nombreuses carences de la politique publique à l’égard des arts visuels.

3/ Un champ essentiel de la création toujours dans l’angle mort des politiques publiques

Extrait du PLF : « La création contemporaine dans les secteurs des arts visuels, représente un secteur économique à forte valeur ajoutée, porteur d’innovations, de créativité, d’emplois et d’attractivité. De surcroît, la création est un vecteur essentiel d’émancipation individuelle et collective, et de cohésion sociale. »

Le dernier panorama de l’économie de la culture et de la création en France [3] montre en effet que les arts visuels arrivent en tête des 10 secteurs culturels analysés (musique, spectacle vivant, cinéma, livre,...) :

  • en terme de revenus générés dans l’économie française (21,4Milliards)
  • en terme d’emplois (313 800 emplois générés).


Mais ce secteur est aussi le premier en terme de précarité, de relations inéquitables, de droits d’auteurs bafoués, de déficit de régulation, de déficit de contractualisation et d’absence de répartition de la valeur à l’intérieur même du secteur. Toute l’économie des arts visuels se fait à la fois grâce et au détriment des auteurs d’arts visuels (qui sont des travailleurs indépendants et non des salariés).

Le revenu médian des artistes auteurs est deux fois plus faible que celui des salariés. La majorité des auteurs d’arts visuels a des revenus inférieurs au seuil de pauvreté.

Cette situation est indigne. Les artistes-auteurs sont les premiers professionnels du secteur (sans artiste pas d’œuvre, sans œuvre pas de diffusion).





4/ Application du 1% artistique : sur le terrain les 0% restent majoritaires !

Extrait du PLF : « Aux côtés de la procédure de la « commande publique » d’œuvres d’art, la politique dite du « 1 % artistique » constitue un instrument essentiel du développement de projets artistiques dans les lieux publics. Le ministère veille ainsi au respect de l’obligation réglementaire par les maîtres d’ouvrages publics qui y sont soumis, à la promotion du dispositif, et en assure l’observation sur le plan national. »
Cette obligation légale n’est assortie d’aucune pénalité. Dans la réalité elle n’est respectée que très partiellement, de nombreux maîtres d’ouvrage publics (régions, départements, communes, etc.) n’appliquent pas le décret [4] : les 0% sont plus nombreux que les 1%… Or la commande publique via le 1% est une source de revenu des artistes auteurs. En n’appliquant pas la loi, les maîtres d’ouvrage publics portent préjudice aux artistes.