SOMMAIRE DU N° 26
- Dossier : les allocations exceptionnelles
- Un bilan contrasté (2000-2002)
- Les allocations en chiffres
- Profil des artistes demandeurs
- Lettre au Président du CNAP
- Décision du conseil d’administration du CNAP
- Échanges de courriers
- La CADA décide que les FRACs doivent répondre à nos questions
- Lettre au Ministre
- La Coordination des Arts Visuels demande l’application du droit de présentation
EDITO
Club de chasse… à l’artiste
Une petite phrase insidieuse relevée dans le procès verbal de la commission nationale
consultative du Fonds d’Incitation à la Création (FIACRE) des 20 et 21 juin 2002, chargée d’attribuer les allocations de recherche et de séjour aux artistes en France et à l’étranger :
« Dans l’optique d’une amélioration de la qualité des candidatures, M. X. (un des membres du bureau du soutien à la Création -FIACRE) a souligné l’importance essentielle du rôle des membres de la commission et des rapporteurs quant à l’incitation et au repérage des candidatures en amont, auprès des milieux professionnels et des artistes. »
Cette demande laisse pantois, mais elle est familière et commune. Premier sous-entendu, les dossiers déposés par les artistes sont d’une faible qualité et ne répondent sans doute pas aux critères demandés, attendus, espérés, recherchés … On ne sait comment dire, car personne n’est capable ni de fournir la liste de ces critères, ni même de les définir.
Pour améliorer cette qualité, une seule solution : refermez encore plus l’entonnoir. Évitons que des artistes, le tout-venant, les manants qui ont la naïveté de croire que cette commission puisse s’adresser aussi à eux, ne déposent leur dossier. Ou s’ils persistent à le faire, faisons en sorte que les membres de la commission viennent siéger avec sous le bras le nombre de dossiers nécessaires pour attribuer les bourses. Ainsi la commission pourra d’un commun accord répartir les bourses entre ces dossiers estampillés à l’avance, puis rejeter l’ensemble des autres. Ce sera effectivement plus efficace et plus rapide. Cela pourra donner lieu à quelques marchandages élégants, à charge de revanche, s’il y a quelques dossiers en trop. Il est vrai que la constitution de la commission est en elle-même le concentré d’un club, qui rayonne aussi bien sur l’inspection à la création, les centres d’art, que les Dracs et qui transpire l’expertise omnipotente.
Cependant à regarder les chiffres de cette commission, la surprise ne vient cependant pas du nombre de dossiers déposés. Il n’y avait que 123 demandes déposées tous médias confondus ; largement suffisantes pour les 31 allocations de recherche attribuées, mais infimes si on considère que c’est une commission nationale annuelle.
Il n’y avait donc que 123 artistes désireux de bénéficier d’une allocation de recherche et de séjour en France et à l’Étranger. Ou plus simplement, il n’y avait que 123 artistes travaillant sur le territoire français en 2002. On comprend l’effort inhumain que doit faire l’institution pour donner une visibilité à la création française et la recherche désespérée en amont des acteurs de cette profession. Nous ne connaissons pas le matériel alloué aux chercheurs d’artistes, mais nous sommes prêts à participer à une commission pour déterminer la largeur des mailles des filets à artistes, pour choisir le nœud coulant susceptible de ne pas trop étrangler l’artiste attrapé et la nourriture adéquate pour le maintenir en vie le temps que la commission se réunisse.
D’un autre point de vue, ce nombre d’impétrants demandeurs est habituel puisque personne ne relève ni son augmentation, ni sa diminution. Une bonne gestion des ressources le reconnaîtrait comme pléthorique. Nous proposons de le réduire de manière draconienne au nombre exact des attributions de bourses avec recommandation particulière pour chaque artiste repéré en amont : il n’y aura plus besoin de réunir la commission. Quel soulagement ! Les membres de la commission pourront ainsi ne pas quitter leur terrain de chasse.
Antoine Perrot