SOMMAIRE DU N° 7
- Misère des galeries, galerie des misères. Les galeries. Toujours opposées au droit de suite, ont tenu colloque.
- Épinglages
- Enlèvement d’une sculpture d’Honegger. Un président d’école démonte arbitrairement une sculpture.
- Censure à Reims. Un acte de censure de plus à l’actif du maire de Reims.
- Madame le Ministre… Courrier du CAAP à Catherine Trautmann
- Notre guide
EDITO
L’amalgame malheureux…
Au bon sens, requis par une actualité délicate, s’est substitué une confusion qui ne peut que provoquer une aliénation de la pensée.
Au printemps dernier, lorsque la presse nationale se faisait l’écho des premières affaires de pédophilie, fut diffusée l’information suivante : des responsables politiques d’un département français ont pris la décision de tronçonner tous les arbres bordant les routes de leurs circonscriptions.
Ceux-ci avaient provoqué la mort de quelque trente personnes l’année précédente. Il va sans dire que l’on parle ici d’accidents de la route, de véhicules qui, quittant la chaussée dans la nuit du samedi au dimanche, allaient s’encastrer dans les platanes, broyant les corps des conducteurs et des passagers...
Ainsi, la solution requise et retenue ne consiste pas à inviter les individus à faire preuve de responsabilité, mais à dégager le chemin afin que ceux-ci n’aient plus à souffrir de leurs propres dérapages ...
Bien entendu, cette attitude n’est pas nouvelle. Elle est symptomatique d’un processus de la pensée, étroitement lié à nos modes de fonctionnements économiques et politiques. On ne rectifie pas un comportement humain préjudiciable à son environnement, mais bien l’environnement lui-même, le milieu dans lequel celui-ci se déplace et s’exprime afin de l’adapter et de le formater aux besoins et aux caprices de la nature humaine. C’est un principe de recyclage appliqué aux produits mais également aux êtres et aux idées … De toutes les attitudes sociales, celle-ci est probablement l’une des mieux réussie et des plus aboutie qu’ait pu produire notre système.
Je m’autorise ce petit détour parce que cette anecdote (qui coûta tout de même la vie à plusieurs milliers d’arbres) permet de faire quelque parallèle avec l’attitude du maire de Reims (encore), qui s’est réfugié derrière la vague d’indignation soulevée par les affaires, nombreuses et variées de pédophilie pour justifier un acte de censure concernant une série de photo de nus.*
Cette logique qui se veut protectrice se révèle être un leurre. Elle tend à inviter l’individu à faire des amalgames et à se tromper de cible, de priorité et de débat... Cette situation est d’autant plus regrettable que c’est à l’endroit même où devrait pouvoir s’exprimer en toute liberté le discernement et la responsabilité individuelle qu’on lui substitue une décision arbitraire qui ne peut que provoquer une aliénation de la raison.
Lorsqu’une décision de cette sorte n’est plus une résultante, mais qu’elle sert de postulat pour émettre une sanction sous prétexte de prévention, nous sommes dans ce que le procès d’intention a de plus dangereux et pervers.
Ici commence la perversion.
J.F.
* voir article page 5