L’info Noir/blanc n° 24

SOMMAIRE DU N° 24

  • Dossier. Enquête sur les FRAC :
  • Fin de non recevoir. La non réponse commune des directeurs de FRAC
  • Analyse et commentaire de ce refus
  • Demande d’intervention à la CADA, Commission d’accès aux documents administratifs
  • Les deux réponses à l’enquête :
  • Réponse du FRAC Auvergne
  • Réponse du FRAC Réunion
  • L’Appel des Artistes

EDITO

La colère des artistes

Plus de mille artistes ont signé l’Appel des Artistes, initialement lancé par le CAAP, le GIGA et Jeune Création, et désormais repris par de nombreuses autres associations ou collectifs. Les signataires dénoncent dans cet appel "la loi du silence du milieu de l’art" et refusent de “cautionner par leur silence ou leur passivité les fonctionnements opaques et autocrates des circuits artistiques” (voir p. 12). C’est aujourd’hui toute une nouvelle génération d’artistes qui s’exprime et met en garde le milieu de l’art. Elle sera sans complaisance face aux dysfonctionnements de l’institution et aux comportements paternalistes de la plupart des intermédiaires de l’art, elle dénonce le mépris insidieux envers les artistes et la suffisance des esthétocrates auto-nommés. Elle est déterminée à revendiquer sa place entière et demande instamment qu’une véritable collégialité soit mise en place au sein de toutes les structures de l’art contemporain. Elle est prête à assumer toutes ses responsabilités.

Le CIPAC (Congrès interprofessionnel de l’art contemporain) de Nantes aurait pu être l’occasion de modifier ces comportements et d’établir de nouveaux modes d’échanges et de réflexions. Mais ce sera sans doute une nouvelle occasion ratée. Car les choix, faits par le conseil d’administration du CIPAC (en dépit d’une minorité de ses membres qui souhaitaient ouvrir le débat) démontrent dans leur majorité une continuité totale avec les deux premiers congrès. Il semble bien que la plupart des intermédiaires ne souhaite pas véritablement analyser la situation. Visiblement ils préfèrent massivement se contenter de défendre leur petite rente de situation pour continuer à jouer tranquillement entre eux aux chaises musicales.

Avoir choisi que les intervenants au Congrès parlent en leur nom propre alors qu’il s’agit de structurer les professions est la première aberration. Elle illustre l’incapacité des professionnels à travailler de manière collégiale et la crainte de voir émerger un débat qu’ils ne contrôleraient pas. Dans la logique de ce premier choix, le CIPAC a désigné sur des critères opaques et sans aucune concertation avec les artistes et leurs associations un certain nombre d’intervenants : l’image parfaite de la démocratie, version art contemporain, qui tient plus d’un congrès du PC soviétique que d’une rencontre interprofessionnelle. Il est inadmissible que des artistes soient nommés par les intermédiaires et que le jeu pervers des institutions incite certains à accepter cette situation dégradante.

Ces choix expliquent sans doute, mais n’excusent pas l’absence d’investissement de la plupart des intermédiaires dans le Congrès et ses ateliers préparatoires sans lendemain. Où étaient-ils tous ces adhérents d’associations professionnelles qui viendront conter fleurette dans les couloirs du CIPAC ? Combien sont au courant ne serait-ce que des thèmes du congrès ? Il semble bien que ces associations relèvent du miroir aux alouettes et que la simple information interne n’est pas même envisagée. Cet état des lieux aurait dû être fait avant le CIPAC. Cela aurait évité les promesses vaines et l’instrumentalisation des associations d’artistes.

Le CIPAC a repris à son compte la proposition des associations d’artistes de construire un espace de dialogue et de concertation permanent, intitulé “observatoire” dans toutes leurs déclarations publiques. Mais dans les faits cette nécessité d’un dialogue semble fort peu intéresser les intermédiaires. Apparemment ils préfèrent continuer leurs pratiques autocratiques loin du regard des artistes. M. Latreille, Président de l’association nationale des directeurs de FRAC, s’était engagé à être le rapporteur d’un atelier préparatoire pour créer cet observatoire. Nous attendons toujours qu’il tienne son engagement.

Ce double langage trouve malheureusement une autre illustration avec le dossier sur les FRAC que ce bulletin ouvre et qui concerne à nouveau M. Latreille. Ce dernier avec l’ensemble du bureau du CIPAC aligne sans vergogne les mots “dialogue”, “mobilisation de l’ensemble des professions”, “observatoire interprofessionnel”, etc. mais refuse au nom de tous les directeurs de FRAC de répondre au questionnaire que le CAAP leur a adressé ! De qui se moque-t’on ? Vous qui êtes en charge de missions de service public, sachez que vous devez rendre compte aux artistes, comme à n’importe quel citoyen, de l’usage que vous faites de l’argent public et des méthodes que vous employez.

Le CAAP