L’info Noir/blanc n° 15

SOMMAIRE DU N° 15

  • Photo de famille. Le dépouillement d’un questionnaire adressé aux 150 jeunes artistes de Jeune Peinture permet de cerner quelques réalités
  • Ni une, ni deux, j’t’embrouille … Réponses du Comité des Galeries d’Art et de I’Adagp à nos questions sur les assurances et le droit de reproduction des oeuvres sur Internet
  • Le statut social et les droits d’auteurs font débat... Compte rendu d’un débat organisé à la Passerelle du Métafort à Aubervilliers, le 9 avril dernier.
  • L’esthétique de l’entreprise. Le Caap inaugure avec Philippe Mairesse, responsable d’Accès Local, une série d’entretiens avec des artistes à l’origine de structures originales.
  • Petit vocabulaire de l’art contemporain.
  • TVArtist. Quelques précisions très utiles concernant la TVA.

EDITO

De la méthode…

Dans un article du Monde, daté vendredi 4 juin, Philippe Dagen se fait le relais médiatique d’une très bonne initiative. Il s’agit d’une centaine d’artistes français qui, se manifestant au travers d’une pétition, réclament la gestion et la direction de la future galerie d’art actuel de Paris, que devrait accueillir le Palais de Tokyo. Nous ne pouvons que saluer cette initiative. Car, en dehors de l’intérêt médiatique manifestement recherché par certains acteurs de cette pétition, les motivations génériques et généreuses de celle-ci sont tout à fait pertinentes. Il n’est pas inutile, en effet, d’encourager les pouvoirs publics concernés à poursuivre la médiation de l’art contemporain (sous cette forme notamment), mais également de fortement les inciter à y impliquer davantage et plus activement les artistes eux-mêmes. À présent, vous me permettrez un petit détour ...

La plupart des installations privées empiétant sur le domaine public, telles les installations de surveillance vidéo (ayant regard sur la rue mais destinées à la protection de biens privés), doivent faire l’objet d’une demande d’autorisation auprès de la préfecture. L’administration française, empêtrée dans ses devoirs et submergée par une réglementation nourrie sans cesse de nouveaux textes, a trouvé un moyen simple de soulager sa structure, son budget et nos fonctionnaires. La méthode consiste à rendre obligatoire la déclaration d’installation et à ne se manifester que pour la refuser. Ainsi, vous pouvez vous considérer comme “autorisé à” ... pour peu que dans un délai de X semaines, la préfecture ne vous en a pas fait interdiction. À lire la réponse qui nous a été adressée par le Comité des Galeries d’art à propos des droits de reproduction sur Internet (voir en page 4), celui-ci semble avoir adopté une méthode, sinon identique, en tout cas similaire, puisque selon lui, faute d’une notification ou d’un refus effectif de la part de l’artiste, une galerie est autorisée à disposer comme bon lui semble des droits de reproduction des œuvres qui lui sont confiées ...

Je me suis permis ce petit détour, parce qu’il semblerait (pesons nos mots et le temps qu’on leur accorde), que la méthode du “si c’est pas non, c’est oui”, ait été utilisée pour la réalisation de la pétition à propos de la future galerie d’art actuel de Paris. Intrigué par la présence pour le moins furtive de certains noms qui ne sont apparus que durant quelques jours, il s’est avéré, après petite enquête que les initiateurs de ce texte ont tout simplement considéré comme acquise la signature d’une personne sollicitée si cette dernière ne répondait pas par la négative.

En dehors du fait que cette maladresse relèverai directement du droit pénal (mais certains n’en sont peut-être plus à cela près), on ne peut pas dire que dans le cadre d’une pétition cette méthode soit un modèle de déontologie ... L’exemple ainsi donné est regrettable et il ne nous reste plus qu’à espérer, au lendemain des élections européennes, qu’aucun homme politique ne soit assez opportuniste et retors pour s’en emparer, car, appliquer ce principe aux voix des abstentionnistes, avec des taux d’abstention situés entre 50 et 70 % ... bonjour l’Europe !

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